Ses mots hurlent,
Poison virulent.
Je me tais.
Ils tournoient devant mes yeux,
M’assaillent, se précipitent,
J’écris.
S’infiltrent en moi, bourdonnent,
Me font ramper, mordent.
Je bois.
Et ils dansent, rient de moi,
Accélèrent la cadence.
Je tombe.
Silence terrifique,
Terreur sidérale.
Je meurs.
Le pavé
Et dans un tumulte assourdissant, les jeux prirent fin. La vérité éclata au grand jour. Les faux semblants et les postures résistent peu aux assauts du temps, les voiles se déchirent. Les évidences reprennent rapidement le dessus, dans une difficulté qui semble parfois relever de l’insurmontable. Mais rien ne l’est.
Le rouge laisse la place au vert, et dans des volutes de fumée sans fin, éclate la vérité.
Un mal pour un bien.
Le pavé s’écroule. Les mots prennent tout leur sens.
Sans rien tenter d’absurde,
Sans s’illusionner d’un quelconque revirement,
Sans tenter de traverser à la nage le submersible étang,
On vit.
Nul moyen de comprendre, de tendre à la vérité,
Mais l’on cherche
Magicien
Magicien. À vrai dire, j’aimerais bien. Faut dire, avoir une baguette magique et faire ce qu’on veut, ça fait rêver. J’aimerais changer des choses dans ma vie, à simplement agiter le bras en récitant trois mois en latin. Ce serait assez satisfaisant.
Je changerais la fragilité de ma mère, la mort de mon chat pourquoi pas, mes déceptions et mes problèmes.
Ça serait pas mal, honnêtement.
Les luminaires sur le visage. Des étoiles, une Voie Lactée dans le blanc de ses yeux. Des constellations près de ses tempes, un trou noir qui attire même les lèvres. Lire la suite « Magicien »
Sans raison apparente
Banlieue. Elle avance d’un pas confiant. Vers où ? La question est plus belle sans réponse. Pourquoi ? Pour rien. Juste un élan, qui traverse avec assurance ses jambes élancées. Elle court, elle court, et ne s’arrête pas.
Beaucoup ont tenté de lui faire renoncer à ses rêves de gosse. Démesurés, pas sérieux. C’est pas la vraie vie. La vraie vie, elle l’emmerde. Et elle danse. La musique est belle. Le rythme s’emballe, les silences embellissent. Tout l’Univers se retourne à son sourire, et se moque du cours des choses. Le temps lui-même y passe son temps. La regarder est un plaisir. S’en approcher un privilège.
Papillon de nuit. Gracile et volage. Elle lui ressemble, au fond. Elle s’envole, elle court, elle marche, et rien ne compte jamais.
Elle a été déçue, pourtant. Elle a pleuré. Beaucoup. Le monde s’est arrêté de tourner. La chance lui a foutu le cafard et un poing dans la gueule. Mais elle s’est relevée, et elle a recommencé à siffloter, comme si de rien n’était. Avec le sourire.
Musiques
Boucles . Rondes, et croches. Accostée par hasard, dans les dédales grouillants des bistrots alentour. Comme souvent d’ailleurs, première bise vaguement indifférente, la deuxième pointée de regret.
Rendre un hommage. À qui, à quoi, et pourquoi ?
Elle n’était pas bien grande. Elle ne pouvait, de par la taille insuffisante que les Parques avaient anti-tissées, voir la hauteur des barreaux de sa fenêtre. Ils lui semblaient immenses, Lire la suite « Musiques »
Esmeralda
Esmeralda espérait à nouveau, étreignant en ses mains une nouvelle brise,
Sentait sous ses pieds vaciller l’assurance d’un souffle qui frémissait sans cesse
Marchait déterminée, médusée, maudissant la myriade de mirages qui mentaient,
Égrénant ses remords, saisissant de nouveau une joie qui se mouvait,
Rejetait ses errements, ses erreurs et empoignait sa vie,
Âme folle d’espérance trop de fois refoulées, refusées.
Lançant dans les airs une lascive liane, une danse libre et folle,
Diurne déchaînement d’un drap qui se déchire,
Aspiré par la vie, par la foi et l’offrande.